Poème écrits par des Jeunes du Club JOAL aux concours des dix mots (choisis par les partenaires francophones)

                                               Lire

Lire c’est ma passion

Je ne peux pas rester cinq minutes sans lire

Je lis pour le plaisir

Et aussi  pour découvrir

Des nouveaux mondes

Parfois je trouve des mots, des phrases qui me plaisent

J’aimerais être enfermé dans une pièce

Où il ya des montagnes de livres pour que je puisse

M’enlivrer à tire l’argot

Mon esprit voyage à travers les différents livres

Que c’est vraiment beau

Le monde de livres me passionne

 

 

                                          Mon ami, mon cœur, mon ange

Merci, mon Dieu pour cette merveille

Un ami est comme un frère avec une rose à la main

Et un sourire au visage

Mon cœur bat toujours sans arrêt

On joue, on partage nos secrets

Nos joie et malheurs

La sincérité couvre nos cœurs

 

L’absence, une fois présent, peut tout changer

Je deviens comme un huberluberlu

A chaque fois que je ne le vois pas

Mes yeux le cherchent  

Il est mon prince, mon doux mystère

 

 

                                      Dans ma classe

C’est insupportable

C’est toujours le charivari

Arrêter, arrêter, arrêter

J’en ai marre

Valorisons nos études

L’école est notre avenir

Nos parents ont beaucoup investi sur nous

 

Que pouvons-nous faire maintenant ?

De bêtises

Arrêter, arrêter, arrêter

J’en ai marre

Quel tohu bohu !

On dirait des enfants

Vous devriez être punis

Comment nos parents seront fiers de nous

Je crierai toujours

Arrêter,  arrêter, arrêter

 

                                               Maman et papa

Vous m’avez vu grandir

Subvenu à mes désires et protégé du mal

J’ai été un enfant insupportable et hypocrite

Vous m’avez supporté, montré le droit chemin

Merci maman, merci papa

Que Dieu vous accorde le paradis

D’ici bas et une fois au ciel

 

Aujourd’hui

Je suis  devenu adolescent

Respectueux, généreux et responsable

Le passé n’est resté que le passé

Ma vision est pleine d’espoir

Je ne raconte pas de faribole comme avant

Je cherche à donner le bon exemple

Oui un homme qui marche avec les deux pieds

J’ai beaucoup appris chez mes parents

Des bonnes choses lumière de toute ma vie

Honneur à vous

 

                                      Mon cœur

Je me souviens de notre rencontre

Ton apparence m’a paru agréable et majestueuse

J’ai subi un coup de foudre

Qui m’a beaucoup ému

Tu as illuminé mon  âme qui était si noir

Enfermé dans un trou sans issue

Ouf !

 

Je suis livré à toi

Quand je te vois, je marche en zigzag comme un ivrogne

Je sens mon cœur dans une sorte d’ambiance

Je l’impression qu’il veut sortir de ma poitrine

Rien que cette joie qui navigue dans mon sang

Je  ne compte plus les saisons

La nuit pour moi est comme la mer

Qui jette ses vagues sur la plage

Aux touristes cherchant le soleil

Dans les pays tropicaux

Ouf !

 

 

                                        Une lettre pour mon père

Un stylo, du papier sur la table

J’attendais ce moment pour écrire

En commençant par

Cher papa

Je te demande

Où que tu sois

De Mayotte

De Mohéli

De grand Comores

De revenir

Car tu nous manques beaucoup

Tu ne sais combien j’ai dépensé

Pour acheter cette carte timbrée

Ton long absence déchire mon cœur

Nul ne peut  me guérir

Sauf toi qui se trouve loin de moi

Alors reviens vite

On t’attend avec patience

 

                           Djania Mohamed  15 ans 

 

 

 

                              La pluie

Ciel assombri

Des nuages qui courent partout

De loin tu arrives comme un taureau en divagation

Les gens s’éparpillent, courent en grande vitesse

Cherchant refuge sous les vérandas

Enfin tes gouttes explosent sur le sol

Resté à jamais sec, il y a tant d’années

La pluie tombe à tire-larigot

Dans les champs, sur la terre

 

Lorsqu’il pleut

Les enfants se lavent, jouent, chantent

Quelle  matinée ambiancée !

Les gens qui ne veulent pas se mouiller

Portent des parapluies pour se protéger

Ils s’ennuient

Ils ne sont pas libres comme les enfants

 

 

 

                                                         Amie

En cherchant matin et soir

Au collège, dans notre quartier

De rose aux multiples couleurs

Je t’ai trouvée et je suis fière

D’être ton amie

Tu m’as toujours soutenue dans les bons et mauvais moments

On s’est toujours dit nos secrets

Le jour de mon anniversaire tu as répondu présent

Tu m’as offerte comme cadeau

Un cœur de fleur qui brille toujours

Nos rires n’ont pas cessé de faire écho

 

 Tout à coup tout a changé

Je ne sais pas pourquoi ?

Tu es devenu un hurluberlu

Je ne te reconnais pas

Tu me fuis comme un lapin en trousse

Tu évites mon regard

Je veux savoir pourquoi car je souffre beaucoup

Qu’on redevienne comme avant

 

                                                            Mes parents

Incomparable

Je suis  leur fan  depuis  toujours

Qu’ils sont beaux comme mes sourires

Semblable à une lune d’été

Je les admire énormément

 

Mes parents

Qui m’ont mis au monde

Me protègent du mal qui ronge la société

Je suis fière d’être leur fille

Quand je suis avec eux je me sens au paradis

 

A la maison  quand mes frères jouent

Je n’arrive pas à étudier

Ils font toujours du charivari

 Ma colère  saute comme les criquets des rivières

Alors mes  parents  m’apaisent

Je me dégonfle comme à un ballon

 

Les fariboles, ma tante raconte beaucoup

Allongée dans son  vieux canapé

N’oublie pas

Que les seules personnes qui t’aimeront

Durant toutes leurs vies

Seront tes parents

 

 

                                             Une vie intime

Un secret caché du fond du cœur

Difficile à remonter

Des années ont passé

 

L’intimité est une vie privée

Qui ne regarde que toi-même

Mais tu peux te confier aussi à une amie

Dans les moments difficiles

Pour évacuer des boules de douleur

Pour te soulager et dire

Ouf !

 

Tu te libères

Tu t’es confié à une amie de cœur

Tu te dis

J’ai réussi

J’ai réussi grâce à ma meilleure amie

 

 

                                         Mon anniversaire

Le jour de mon anniversaire

C’est aujourd’hui

Jour de sourire

Jour de rencontre

Mes amies occuperont les premières places

Mes amies porteront leurs habits de fleurs

Ma maison ressemblera à un palais

Où jadis vivaient un roi et une reine

 

Mes frères distribuent les cartes timbrées

Qu’on vienne  partager cette joie de brebis

Laissé en liberté

 

La maison résonne comme un instrument à musique

Dans ma bibliothèque, certaines s’enlivrent

 Les autres chantent et mangent

Ceux qui dansent font des zigzags

Tout le monde joue

C’est l’heure de rentrer chez soi

 

                                                 Ma chambre

J’aime ma chambre

Elle est remplie des choses extraordinaires

Des posters de mes stars préférés

Sur ma table, cahiers et livres

Vivent en harmonie

M’attendant toujours

 Que je les ouvre

 

Je n’aime pas la chaleur

Qui envahit ma chambre

Elle m’empêche de fermer les yeux

Quand ils me piquent

 

Ma petite sœur  a fait de ma chambre

Son terrain de jeu

Elle aime bien faire de tohu-bohu

Sans m’avertir  

 

                                                 Houdhoyfati youssouf

 

 

 

                                                   Mon club

Deux fois par semaine

Cœur en liesse

Portant mon chiromani

Je fais plusieurs mètres de marche

Pour me rendre à mon lieu de rêve

Mes amies m’ouvrent leur bras

Je suis comme une reine du pays de boutre

 

En vue mon club caché sous les feuillages de badamier

J’apprends beaucoup de choses

Je lis des livres, j’écris des histoires

La lecture me fait voyager

À travers des pays inconnus

Car j’ai l’impression de vivre la scène

Je ne cesse de m’enlivrer matin et soir

Je me plonge aussi dans des contes de fée

 

                                                 La lune

Rien que la lumière

Qui étale partout sa couverture

Sur le ciel une boule

Croise les nuages

Direction la mer

Que de la lumière

Qui éclaire les nuits et me font rêver

Grand-mère est sous le baobab

Encerclés par ses petits fils

Racontant les contes de notre  village

Lune radieuse, beauté du village

Je te demande de ne pas t’arrêter

Je crierai de tout mon souffle

En faisant de tohu-bohu

Si un jour tu refuses de nous éclairer

 

 

                                                       Ouf ! La pluie

Les plantes maigrissent

Le sol crache du feu

Les rivières ont soif

La chaleur nous étouffe

Nous  dormons mal

Nous tombons malade

 

Ouf !

La pluie qu’on espérait est arrivée

Nos vœux ont été exaucés

Partout l’eau est roi

La pluie remplit nos citernes

Avec son charivari

Les animaux boivent sans arrêt

Les cultivateurs dansent le shigoma

Le village a le visage souriant

 

 

 

                            Mon amie

Ô  amie de mon enfance

Toi qui jouais avec moi

Le jeu du cache cache

Toi  qui jouais le sol avec moi

Les poupées en bois qu’on soulevait

Des souvenirs accrochés dans mon cœur

 

Aujourd’hui, un nouveau vent souffle

Secouant notre amitié d’autrefois

Pourquoi tu es ainsi ?

On se disait  et se racontait tout

Pourquoi tu es ainsi ?

Tu es devenue la meilleure  amie de  ma rivale

Tu t’es retournée contre moi

Tu as choisi un chemin en zigzag

 

 

                                       Mariage

Les tambours sonnent de loin

La  voix de la chanteuse émerveille

Les invités bien habillés

L’or brille sur un plateau de joie

La dot se compte en billet

Un million, deux, trois, quatre, cinq

 

Toi jeune fille

Qui a gardé ta virginité

Te voici aujourd’hui réunie avec ta famille

Félicitation de l’avoir honorée

C’est pour cela qu’elle organise

Ce magnifique mariage

Beaucoup de dépenses pour l’achat des cartes timbrées

Envoyées à l’étranger pour tes proches

Tu vois, les invités boivent à tire- larigot

Ils sont heureux

 

                                                

 

 

                                  Rivières sèches

Les scies électriques démarrent en trombe

Les coupes coupes sont aiguisées comme des lames

Les bruits sont partout

Par terre les arbres dorment à poing fermé

Un massacre a eu lieu

Des années ont passé

Les lits de rivière se dévoilent  

Je ne raconte pas de faribole

On traverse les rivières sans retrousser le pantalon

Les bruits sont partout

Les poissons ne sautent plus

Les vaches ne boivent plus

La rivière est devenue une route

 

                                              Naida Attoumane, 14 ans, 

Marche à reculons (Poème de Abdillah Abdallah)

Marche à reculons
A une vitesse de croisière,
Le monde évolue sans attendre les bancals.
Comores, petites îles à la beauté inouïe,
Continuent à priser sa dope qui les endorme.
Les politiciens aux poches longues,
Les commerçants, vendeurs des misères,
Comme des vampires assoiffés de sang,
Construisent leurs châteaux sur les dos des plus vulnérables,
Oubliant la masse populaire, la force du pays.
L’écart se creuse entre le monde d’en bas et celui d’en haut,
Les pauvres aux bouches béantes et aux lèvres gercées,
Du matin au soir, pareils aux oiseaux, cherchent leurs pitances.
Les riches, aux joues suintées, aux yeux fermés,
Semblables à des pythons, se goinfrent matin et soir sans souci.

A une vitesse de croisière,
Le relai continue sans interruption,
Pauvre Comores derrière, les yeux demis fermés
Tendant la main pour quémander l’aumône.
Comment, avec un réservoir qui fuit,
On peut faire décoller l’Air Comores,
Pays des miséreux, au quatre gouvernements,
Pour suivre le peloton dans le monde ?
Tache large et complexe qui exige une technicité,
Et non l’individualisme et le népotisme.
Avec la haine implantée dans les cœurs,
Comores ne peut quitter le starting-block.

Des auteurs à la rencontre des lecteurs

Dans le cadre de la célébration du 20ème anniversaire de la bouquinerie d’Anjouan, Le Club JOAL rencontrera pour un débat, le 05 mai, à l’Espace Shababi de Ouani, les écrivains : In Koli Jean Bofane (écrivain congolais), Claire Ubac (écrivain indienne), Jean Euphèle Milcé (écrivain haïtien), Aboubacar Said Salim (écrivain comorien)…

 

Trois contes ecrits par Mohamed Elhad, un jeune du Club JOAL

Conte I: La petite Princesse et le Vizir

Il y a bien longtemps, un roi qui s’appelait Abdallah et sa femme Fatima eurent un bébé. Une belle et intelligente fille qui s’appelait Sara. Le roi Abdallah gouvernait un petit territoire non riche, mais il était respecté par tous ses sujets et les autres royaumes environnants, car il était sage et honnête. Dans le royaume le plus proche du royaume de roi Abdallah, le roi  Kamal gouvernait un riche et vaste territoire. Ce dernier et sa femme, leur  souffrance augmentait de plus en plus depuis qu’ils ont appris que le roi Abdallah et sa femme ont eu une fille. Ils viennent de fêter leur vingtième année de mariage et ils n’ont pas encore eu d’enfant. L’amour du roi Kamal envers son épouse était énorme et le fait qu’il n’arrive pas à lui faire un enfant torturait son esprit et lui faisait penser à beaucoup de choses.

Un bon matin, le roi Kamal fit venir son vizir et lui exposa son problème et il lui attendait d’une réponse satisfaisante. « Mon vizir, on est ensemble depuis nos jeunes âges et je t’aime comme un frère.  Aide-moi et je te donnerai tout ce que tu voudras. Que dois-je faire pour avoir un enfant, ma femme en a vraiment besoin », disait le roi  Kamal à son vizir. Le vizir qui souhaitait depuis longtemps une guerre entre son royaume et le royaume du roi Abdallah qu’il jugeait  faible, saisit l’occasion et dit : « Mon roi, ne te fais pas trop de souci. Laisse-moi un peu de temps pour réfléchir. Demain, je vous reviendrai avec une réponse ». Le vizir qui était attiré par le royaume du roi Abdallah avait son idée, mais ne voulait pas attirer l’attention du roi Kamal qui s’attendait à merveille avec le roi Abdallah.

La nuit paraissait très longue au roi Kamal qui était impatient de savoir la réponse de son vizir tant il ne supportait pas les larmes de sa femme bien aimée qui cessaient depuis qu’elle a entendu que la reine de l’autre contrée a eu une fille. Le roi Kamal a fait défiler dans son esprit tous les grands toubibs et tous les grands marabouts qu’il a consultés pour son mal. Il ne voit pas qui d’autre son vizir va lui proposer.

Effectivement, le matin, le vizir se planta devant la porte du roi Kamal, accompagné du chef de l’armée. Le roi même était étonné de cette visite vu qu’il n’y a aucun problème qui lui vaudra la visite du chef de l’armée. Le vizir était sûr de lui-même, il avait le sourire aux lèvres ce qui rassurait un peu son roi.

Mon roi, disait le Vizir, j’ai regardé le problème dans les côtés et j’ai eu une idée en or. Le roi qui brulait d’impatience lui disait : «  Je t’écoute mon Vizir. Je savais que je peux compter sur toi. »

–         « Mon roi, vous savez que le roi Abdallah a eu une fille, il y a trois mois. Et vous savez aussi qu’ils ne cessaient lui et sa femme de se moquer de vous. »

Le roi qui commence à sentir là où son vizir voulait en venir, il lui dit d’aller droit au but.

–         « Mon roi, je n’aime pas la guerre et je suis contre toute sorte de guerre, car on sait quand elle commence, mais on ne sait pas comment ça va finir. » ajouta le Vizir.

Le roi dit encore à son Vizir : « Qui voulait faire la guerre ? »

–         «  Mon roi, le seul remède à ton mal est la guerre. Nous devons faire d’une pierre deux coups. En faisant la guerre, vous allez avoir et une enfant et un élargissement de votre royaume. J’ai déjà discuté avec le chef de l’armée et il m’a répondu que c’est de la tarte. »

Le roi Kamal qui s’entendait beaucoup avec le roi voisin n’imaginait pas que son Vizir qui est aussi son ambassadeur peut vouloir du mal au roi Abdallah. Il posa une autre question à son Vizir :

–         « A qui devrons-nous faire la guerre ? »

–         « Au roi Abdallah, bien entendu. Cet incapable, qui ne cessait de nous demander de l’aide à chaque fois qu’il a un petit problème. Je pourrai mieux diriger ce royaume que lui. »

Le roi Kamal qui aimait vraiment son voisin, un roi d’un petit royaume certes, mais qui est très estimé par ses sujets. Il n’oubliera jamais les nombres de fois que  le roi Abdallah qui avait le même souci que lui venait lui proposait des traitements qu’ils étaient en train de faire avec sa femme. Pour le roi Kamal, le roi Abdallah est un homme de bien. Il se souvenait de la fête qu’ils ont organisée chez le roi Abdallah le jour de la naissance de sa fille Sara en présence de son Vizir. Le roi dit :

« Mon Vizir, je voudrai un enfant, mais pas de cette façon. Je suis incapable de faire du mal à mon voisin. Il est pour moi plus qu’un simple voisin. C’est un frère. »

Le Vizir qui était très ambitieux n’a pas vraiment apprécié le refus de son roi. Pour lui, il devait être le roi de l’autre royaume. Il cherchait un autre moyen pour convaincre le roi. Il se pencha du côté de la reine. Il ira dire à la reine qu’il avait trouvé un moyen pour lui faire avoir un enfant, mais le roi a refusé. Peut-être le roi a l’idée de prendre une seconde épouse. La reine qui remarque que les derniers temps que le roi lui accordait peu d’importance, cru les propos du Vizir.

–         « Tu es un bon vizir. Il y a trois jours mon mari parle peu à moi, ne mange que peu de nourriture, ne dort presque pas. C’est vrai qu’il a peut-être qu’il s’est lassé de moi et il a l’idée d’aller prendre une autre femme. » Disait la reine.

Le Vizir lui ajouta que tout le royaume ne parle que de ça c’est pourquoi en tant que Vizir du roi, il vient lui-même annoncé la nouvelle à la reine.

Trois jours passèrent, depuis que le Vizir annonça au roi son idée de guerre, le roi n’a pas voulu lui parler ou de le voir, selon lui le Vizir est très ambitieux et il pourra lui faire du mal. Il doit être prudent.

La reine qui avait l’habitude de ne pas dormir avant le roi n’a pas attendu le roi, elle est allée dormir sans rien manger. Le roi sentit qu’il y avait un véritable problème.

Le roi Kamal qui savait le souci de sa femme, se rapprocha d’elle et essaya de la rassurer qu’il trouvera une solution à son mal. La reine lui dit qu’elle est au courant que le Vizir avait eu le remède mais le roi le refusa. Elle lui ajouta aussi que tout le royaume est au courant qu’il a l’intention d’aller prendre une seconde épouse. Pour le deuxième point, le roi sursauta de colère. Il n’a jamais eu l’idée de prendre une autre femme, car il reconnait qu’il n’aurait jamais été roi sans sa femme. Elle était l’unique enfant d’un roi et lorsque le roi, son gendre s’est trouvé trop vieux, il a cédé le trône à son beau-fils. C’est comme ça qu’il est devenu roi. Le roi demanda sévèrement à sa femme d’où elle obtenait ses fausses informations. La reine lui dévoila qu’elle les obtint du Vizir. Et elle lui ajouta que le vizir lui promit une potion magique qu’il va lui donner cette nuit et qu’elle devait la mettre dans la sauce du roi pour qu’il change d’avis. Le roi Kamal comprit que son Vizir assoiffé du pouvoir voulait sa mort.

Le roi appela ses gardes rapprochés et leur ordonna d’attraper en flagrant délit le vizir quand ce dernier vint donner quelque chose à la reine, cette nuit.

Comme prévu, les gardes attrapèrent le Vizir en train de donner à la reine une bouteille pleine de potion et ils l’ont enchainé. Au matin, quand le roi se réveilla, il trouva le Vizir enchainé dans la cour.

–         «  Gardes, vous ne connaissez pas que l’homme que vous avez attaché est mon Vizir ? », demanda le roi.  

Les Gardes lui répondirent  qu’ils l’ont attrapé en train de donner à la reine quelque chose de douteux. Et le roi demanda au Vizir : « qu’avez-vous donné à la reine ? »

Le Vizir répondit :

–         « Un remède pour te guérir de ta stérilité »

Alors le roi demanda aux gardes de lui faire avaler quelques gorgées de sa potion pour vérifier si ce n’est pas du poison. Le Vizir supplia le roi de ne pas faire cela parce qu’il s’agit du poison. Alors le roi ordonna qu’on envoie le Vizir à la guillotine.

Le roi Abdallah en apprenant que le roi Kamal a tué son Vizir, vint savoir ce qui se passe et le roi Kamal lui raconta le souci de sa femme et tous les manœuvres organisés par le Vizir. Depuis la préparation de la guerre jusqu’à  la tentative d’assassinat …

Sans que l’idée du Vizir d’aller voler Sara soit évoquée par le roi Kamal qui avait honte de la dire, le Roi Abdallah dominé par le sentiment de pitié à l’endroit de la reine du roi Kamal proposa :

–         «  Mon frère, nous avions souffert du même mal pendant plusieurs années, Dieu qui ne vous a pas oubliés m’a offert Sara. Acceptez qu’on fasse de Sara notre enfant à nous tous. L’amour entre nos deux royaumes se renforcera et Sara aura la chance d’avoir deux mère et deux pères ».

Le roi Kamal pleura de joie et cria en appelant sa femme pour venir écouter ce que dit le roi Abdallah. Le roi Abdallah qui pensait que le roi Kamal n’avait pas accepté sa proposition supplia la reine d’accepter d’être une seconde mère à sa fille Sara pour l’amour de leurs deux royaumes.

La reine du roi Kamal accepta avec joie et demanda à toute la population de son royaume d’organiser une grande fête pour accueillir sa filleule.

Avant que le roi Abdallah  parte avec les beaux cadeaux que la reine du roi Kamal lui fit, le roi Kamal dit au roi Abdallah : « C’est vrai qu’il ne faut jamais vouloir du mal à quelqu’un qui ne t’en voudra pas du mal.» Pourquoi tu me dis cela, mon roi ? lui demanda le roi Abdallah.

Le roi Kamal lui ajouta que « mon Vizir est mort parce qu’il voulait te tuer pour te voler Sara notre fille. »

 

Conte II: La petite Roukia

Il était une fois, une petite fille qui s’appelait Roukia, elle avait six ans. Ses parents se disaient qu’à l’âge de six ans, elle pouvait garder la maison toute seule.

Un jour, ses parents allaient à la campagne. Et comme Roukia était une fille unique, ses parents se disaient qu’elle était la première née et il n’y a pas d’autres, donc elle devait être intelligente.

Avant de sortir de la maison pour la campagne, son père lui disait : « Tu sais bien que tu vas rester seule à la maison. Ne laisse personne entrer dans le poulailler. Ne vend rien même si il y a quelqu’un qui en demande. Et s’il y a quelqu’un qui frappe à la porte, dis-lui seulement que tes parents sont allés à la campagne ».

La petite Roukia qui n’apprécie pas l’idée de rester seule dans cette vaste cour saisi l’occasion pour avouer à son père qu’elle avait peur, mais son père refusa de l’emmener à la campagne sous prétexte qu’ils iront aujourd’hui.

De très beau matin, le père de Roukia et sa femme allèrent à la campagne.  Un Djin se transforma en poule entra chez la mère de Roukia et lui demanda : «  où  sont allé tes parents ? » Roukia lui répondit : «  Ils sont allés à la campagne ». La poule entra dans le poulailler et en sortit avec un œuf et prit la fuite. Roukia qui tremblait de peur n’osa rien dire. L’après-midi, lorsque ses parents rentrèrent de la campagne, dès que le père déposa son fardeau sur terre sa première intention était de rentrer dans le poulailler pour vérifier si Roukia n’a pas vendu ses trois œufs qui se trouvaient au coin. Il n’en vit que deux. Roukia ! Roukia ! Roukia ! criait son père.

Roukia qui pleurait déjà de peur qu’elle aille être frappée par son père n’osa même pas répondre à l’appel de son père. En s’approcha de la porte du poulailler, elle vit son père avec deux œufs dans les mains. Avec les yeux rougis de colère, son père lui demanda : « où est le troisième œuf ?» Roukia qui ne savait pas qu’il y avait trois œufs dans le poulailler répondit : « Je ne sais pas, papa.» « Quelle bonne gardienne ! », disait son père.  « Tu oses me dire que tu ne sais alors que tu étais seule à la maison. « Qui d’autre était avec toi Roukia quand on était à la campagne ? » Lui demanda son père. « Personne » lui répondit, Roukia. « Qui avait rentré dans le poulailler ? » lui demanda son père. Cette fois, Roukia s’est souvenue qu’il y une poule jamais vue qui avait rentré dans le poulailler. Son père  a compris que sa fille lui disait la vérité.

Le deuxième jour, le père disait à Roukia : «  Aujourd’hui, je n’irai pas à la campagne. Je vais me cacher dans le poulailler. La poule viendra te demander où sont tes parents. Dis-lui qu’ils sont allés à la campagne. » Roukia accepta en secouant la tête devant derrière.

La poule arriva comme la fois derrière, sourire aux lèvres et demanda à Roukia : «  Où sont tes parents ? » Roukia lui répondit : «  Ma mère est allée à la campagne et mon père s’est  dans le poulailler. » La poule remercia Roukia et pris ses jambes au cou. Le père de Roukia sortit de poulailler telle une flèche qui quitte l’arc. Il était au point de l’avaler elle qui tremblait de tout son corps.  Son père lui fixe les yeux et dit : « Ne t’ai-je pas dit de dire à la poule que je suis allé à la campagne ? » « Si père, mais j’avais peur, mon père. J’ai jamais entendu parler qu’il y a des poules qui parlent », lui répondit Roukia. Cela t’apprendra à mieux te conduire ; comme hier tu as mangé ton riz sans sauce puisque tu as laissé ta part emportée par cette maudite poule, aujourd’hui tu ne mangeras pas de riz, cela t’apprendra à grandir. Tu sauras que la prochaine fois tu devras dire que ton père est allé à la campagne. Mon père n’a pas élevé un sot, moi non plus, je ne vais pas élever une sotte.

Roukia écouta les reproches que lui faisait son père avec beaucoup d’attention et elle réalisa qu’elle est fautive.

Deux jours passèrent le père de Roukia  attendit la poule, voleuse d’œuf, en vain. Il ne se découragea pas. Chaque matin, sa femme avant de partir, lui dit : « Mon pauvre mari, pourquoi tu t’entêtes tant ? » Son mari lui répondit toujours : « La faim fait sortir le renard du terrier, cette maudite poule viendra aujourd’hui. Elle a mangé mon œuf, je dois la manger aussi. »

Effectivement, le troisième jour, dans le poulailler, le vieux entendit  quelqu’un qui frappe à la porte et une voix féminine dit : « Hodi ? » La petite Roukia répondit : « Hodina ». Lui, dans le poulailler, trembla. Il était sûr que c’est la voleuse d’œuf, mais, lui aussi n’a jamais entendu une poule qui parle. « Quelle  voix si douce ! » s’exclama-t-il. « Malgré tout cela, je la mangerai aujourd’hui, au diner. » Se disait-il.

Certes, c’était la poule. Elle entra et demanda à Roukia : « Où sont tes parents ? » « Ils sont allés travailler au champ ». La poule se glissa dans le poulailler pour s’approvisionner de son œuf.  Aussitôt entrer, le père de Roukia ferma rapidement la porte et l’attrapa.

« Tu m’as fait perdre trois jours de travail au champ, je te ferai rôtir moi-même. » Dit le père de Roukia à la poule.  La poule ne disait rien, elle fixa seulement son regard à Roukia, un regard qui semble complice. Roukia laissa couler deux grosses larmes le long de son visage. Son père en voyant cela disait en aiguisant son couteau : «  Calme-toi, ma petite fille, aujourd’hui, tu vas te régaler. Une des cuisses de ce maudit poulet est à toi toute seule. »

Il prit la poule et la tourna en direction de la Mecque et lorsqu’il commença à lui couper la tête, la poule lui disait : « Coupe-moi la tête doucement », lorsqu’il tourna la viande dans la marmite pendant la cuisson, la lui disait encore «  tourne-moi doucement ». A chaque fois qu’il accomplit un acte, la poule lui, disait de le faire doucement.

A la nuit tombante, toute la famille s’est régalé de la viande de la voleuse d’œuf.

 

Conte III: Un homme qui ne voulait pas mourir

Il était une fois, dans une ville près de la mer vivait un homme dans une vieille maison. On l’appelait Mriahoufa, vu sa peur de la mort. Il se couchait très tard et se levait très tôt.  On le trouvait très gourmand, car il n’aime pas partageait avec les gens et se croyait intelligent. Il vivait seul et tout seul dans sa maison. Personne n’a tenté d’entrer dans sa demeure, car il était redoutable par sa nervosité.

Mriahoufa était un grand cultivateur et aussi un pêcheur. Il avait une pirogue propre à lui et il partait toujours à la pêche tout seul parce qu’il ne voulait partager avec personne. Il ne vendait de sa récolte ou de sa prise de la pêche que lorsqu’il se trouve dans un extrême besoin d’argent.

« Quel genre d’homme ? » une question que tout le monde se posait à son sujet, dans le village. Les hommes jaloux ont guetté devant sa porte pour voir s’il ne sortait pas avec leurs filles ou leurs femmes vu qu’il refusait de prendre une femme. Les mamans ont tenté de lui décrire la beauté et la bonne éducation de leurs filles. Il refusait toujours les avances que lui faisaient les femmes. 

Personne ne savait ce qu’il faisait chez lui, on sait seulement  qu’il ne sortait que rarement. Il faisait la prière collective à la mosquée seulement les vendredis et les jours de l’ide.

Selon les dires, Mriahoufa était victime d’une malédiction. Il a perdu ses parents atrocement quand il avait huit ans. Leur maison a pris feu une nuit et ses parents n’ont pu sauver que leur unique enfant. Sa mère mourut sur le coup asphyxiée et son père trois jours après, par la brulure en tentant de sauver son fils. Selon les dires aussi Mriahoufa avait de grandes cicatrices sur le dos dus par le feu lorsqu’il était petit. Il trainait le sentiment de culpabilité. Il se disait qu’à cause de lui, son père est mort. Malgré son comportement qui était hors du commun, il n’était pas détesté par les villageois, il est issu d’une lignée connue, riche et propriétaire terrien.

Le fait qu’il ne prenait pas une femme dérangeait vraiment ses cousins et cousines.

 Un bon matin, une de ses cousines entra promptement chez Mriahoufa et le surprend en train de prier. Elle découvrit que Mriahoufa ne faisait que prier Dieu chez lui. Il suppliait Dieu de lui accordait une longue vie. Sa cousine a tout entendu. Après ses prières, Mriahoufa qui était très énervé par l’effraction que sa cousine avait faite lui demanda l’objet de sa visite : « Que me veux-tu ? » Elle lui répondit calmement qu’elle est venue juste lui rendre visite. Ensuite, elle lui ajouta qu’elle connaissait un grand marabout qui pourra trouver une solution à tous ses problèmes. Mriahoufa qui était surpris de propos venant de la bouche de sa cousine lui faisait prêter serment pour qu’il soit rassuré qu’elle ne mentait pas.

C’était un mercredi qu’ils ont pris le chemin pour aller voir le grand marabout pouvant trouver remède à ses soucis. Durant la route, Mriahoufa imaginait déjà les questions qu’il va poser. Deux questions le trituraient l’esprit : première question « Y a-t-il une solution pour échapper à la mort ? » Deuxième question « s’il s’avère qu’il ne pouvait pas échapper à la mort, comment il va mourir ? Mourra-t-il d’une mort naturelle ou sera-t-il assassiné ? »

Après une journée de marche, ils sont arrivés chez le renommé marabout.

Un homme de petit taille, habillé d’un boubou que nul ne peut imaginer la couleur qu’avait ce boubou quand il était neuf, il porta un cofia déchiqueté par les cafards et il était pied nu. Le grand marabout vivait dans une maison délabrée composée d’une seule chambre enfumée par une lampe à pétrole, on dirait une bergerie. Arrivée devant la porte, Mriahoufa pensa à une troisième question : « Comment pourrai-je savoir que mes vœux seront exaucés ? ».

Ils entrèrent chez le marabout laissant les souliers dehors. Tout est sacré chez le marabout. Personne n’a le droit de toucher à quoi que ça soit sans l’autorisation du grand marabout.

Le marabout fit entrer ses hôtes dans sa chapelle et les fit prendre place à un lieu approprié. Sans perdre du temps, il alluma du feu et commença à verser de l’encens avant de demander à ses visiteurs l’objet de leur visite.

La cousine parla en premier puisque Mriahoufa n’a jamais pratiqué le maraboutage, il ne savait rien en ce qui concerne le style et le langage.

« Seigneur, nous sommes aujourd’hui devant vous pour solliciter votre aide. Nous sommes à bout de force et nous croyons que ton grand cœur ne peut pas laisser des gens vulnérables dans le besoin. Je donne la parole à mon cousin puisque je ne suis que son guide.»

Mriahoufa qui était découragé en voyant ce petit bonhomme qui vivait dans la misère et qui prétendait être capable de transformer le mal en bien, s’étonna de voir sa cousine le vénérait tel un roi. Il ne savait par où commencer son allocution. Au fond de lui, il se disait qu’il ne l’appela pas seigneur  ni ne le baisa pas les sales pieds comme l’avait fait sa cousine. L’acte l’avait fait vraiment mal au cœur. Baiser les sales pieds d’un homme qui ne se baignent pas, on ne sait qu’il y a combien d’année, tout sauf ça, se disait-il.

En prenant la parole, Mriahoufa disait : « Je ne vais pas aller par trente-six chemins, je vais directement au fait : Moi, on m’appelle Mriahoufa et c’est vrai, j’ai vraiment peur de la mort. Je la vois me poursuivre partout. Je ne dors pas vraiment la nuit et je ne sors de chez moi que peu de temps. Je sacrifie tout mon temps à prier Dieu et lui demander de m’accorder la plus longue vie. Donc je suis venu ici pour trouver une solution à mon mal. J’ai trois questions à vous demander :

–          Y a-t-il une solution pour échapper à la mort ?

–         S’il s’avère qu’il n’y a pas de solution, mourrai-je d’une mort naturelle ou je serai assassiné ?

–         Comment pourrai-je savoir si mes vœux seront exaucés ?

La cousine de Mriahoufa qui ne s’attendait pas à ces questions tremblait de tout son corps. Elle craignait la colère du grand marabout qui faisait peur même aux autres marabouts. Elle avait déjà entendu que le Grand marabout avait transformé en canard un homme qui avait tenté de porter atteinte à son honneur. Et surtout, de la troisième question, la cousine de Mriahoufa ne voit qu’une provocation.

Le Grand marabout qui n’a cessé de jeter de la poussière d’encens dans le feu depuis l’arrivée de ses clients, il s’est arrêté quand Mriahoufa a commencé de décliner son identité. Lui qui est fils d’un marabout et petit fils d’un marabout n’a jamais vu ni entendu un cas pareil. Souvent, ses clients sont des gens qui souhaitent avoir une jolie fille qui refusent leurs avances, des gens qui viennent chercher des solutions à leurs couples qui risquent de s’effondre, des hauts placés du gouvernement qui veulent s’éterniser à leurs postes, ou des gens qui souhaitent atteindre un poste considérable.

Aujourd’hui, il se trouve avec un cas particulier. Lui jeter dehors lui parait trop risqué, car ça peut lui faire une mauvaise publicité. Lui répondre, c’est un risque, car il parait que Mriahoufa a déjà une réponse pour chacune de ses questions. Le Grand marabout est embarrassé. Il suait tel un marathonien qui a achevé ses dix mille mètres. Le Grand marabout lui répondit calmement qu’il ne répond à chaque patient qu’une seule question par jour. Pour ta première question, je n’ai pas besoin de l’aide de mes esprits. Pour vivre, chaque être doit se nourrir. La mort qui est elle aussi un être, pour vivre, elle se  nourrisse de nos vies. Donc, Mriahoufa, la mort se régalera sûrement de ta vie quand ton heure sonnera. Mriahoufa sentit comme si le Grand Marabout lui avait fait avaler une eau bouillante et une très grande douleur dans son estomac lui faisait comprendre qu’il n’est pas encore mort. Il tremblait de tout son corps. Il entendait les cris de sa mère qui n’arrivait pas à sortir de la maison en feu et il voyait  comme ça date d’aujourd’hui les scènes son père qui ne sentait pas les brulures en lui faisant sortir du feu.

Mriahoufa se leva sans demander l’autorisation du Grand Marabout ; il laissa un billet de cinq mille francs dans l’assiette blanche qui contenait un morceau d’argile blanche et deux pièces d’anciennes monnaies qui se trouvait à côté du marabout. Il sortit sans serrer la main du Grand marabout. La cousine qui connaissait bien le lieu et la loi du domaine présenta ses excuses. Mriahoufa durant toute la route n’a parlé à sa sœur et il a continué à s’enfermer dans sa maison pour prier et demander à Dieu de lui laisser la vie sauve.

 

 

 

 

Rencontre d’Abdillah avec Edilivre


Par Flora

LE 27 SEPTEMBRE 2013

Rencontre avec Abdillah Abdallah, auteur de  » La Vindicte populaire « 

Pouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
Il s’agit d’une nouvelle qui aborde un thème séculaire : le conflit de génération. Cette œuvre nous retrace la vie de Mkolo, un jeune Comorien qui a eu la chance d’aller aux pays arabes pour poursuivre des études de théologie. A son retour, il se trouve confronté à la population de son village, une population très attachée à sa tradition et qui ne fait pas, selon lui, la différence entre la religion et la tradition. C’est une guerre sans merci qui s’est déclenchée entre Mkolo, qui est de la nouvelle génération, et les anciens prédicateurs.

Pourquoi avoir choisi ce titre ?
La Vindicte populaire, c’est le troisième titre que j’avais choisi pour mon œuvre. Je n’ai pas de parti pris comme certain le font croire. Je ne suis ni pour les jeunes fundis qui prétendent suivre à la lettre le Coran et les hadiths du prophète Muhammad (que la bénédiction et le salut d’Allah lui soit accordés), ni pour les traditionalistes qui ne voient aucun inconvénient quant à leur attachement à la tradition. Ce titre pour moi conjecture le verdict et le châtiment que le peuple comorien surpris du conflit des prédicateurs, pourra faire subir à celui qui ne sera pas compris.

Votre livre s’inspire-t-il de faits réels de votre vie ?
La Vindicte populaire n’est pas une véritable autobiographie mais, pour l’écrire, je ne me suis éloigné de la réalité en rien. Je n’ai fait que raconter ce que les Comoriens vivent chaque jour dans leurs villes et villages respectifs.

A quel type de lecteur est adressé votre ouvrage ?
Mon œuvre s’adresse à tous les religieux en général, et surtout aux guides religieux comoriens. Je tiens à leur rappeler qu’il n’est pire guerre qu’une guerre religieuse.

Y a-t-il eu un événement particulier qui vous a donné l’envie d’écrire ?
Certainement, j’étais choqué d’une discussion entre un jeune prédicateur et un prédicateur de la vieille école à propos d’un sujet banal. Cette petite algarade m’a poussé à prendre la feuille pour tirer la sonnette d’alarme, pour prévenir l’opinion en espérant que ces quelques lignes peuvent contribuer à éviter un déclenchement d’une guerre de foi qui me semble imminente. Je crois même que le compte à rebours est déjà lancé. Il est grand temps de se ressaisir pour voir ce qu’on peut faire pour limiter les dégâts au cas où…

Êtes-vous également attiré par d’autres genres littéraires ?
Bien sûr que oui. J’ai commencé à écrire depuis le lycée, des poèmes et des nouvelles, mais je n’ai jamais donné une grande importance à ce que j’écris. Pour dire que La Vindicte populaire n’est pas mon unique œuvre, je suis sur le point de sortir un recueil de poèmes intitulé La Chanson dans les coulisses. C’est mon ami, Missier Attou, l’auteur de Ylang-ylang en fumé qui m’a poussé à publier en me rappelant la parole d’un grand qui a dit que : « Tout le monde ne peut pas être écrivain, mais un grand écrivain peut naître de chacun de vous… »

Quels sont vos projets d’écriture ?
Je ne pense pas m’arrêter là. Je continuerai à écrire puisque c’est ma passion et la seule voie que je juge pouvoir me permettre à donner un sens à mon existence. C’est-à-dire, pour moi, écrire restera la seule voie qui me permettra d’affirmer ma comorienneté. Moi, je ne pense pas faire carrière d’écrivain, le métier d’écrivain demande un grand talent et beaucoup de travail.

Un dernier mot pour vos lecteurs ?
Je leur dirai tout simplement que nul n’est assez intelligent pour ne pas avoir besoin de la lecture des œuvres littéraires. Il faut lire La Vindicte populaire et non seulement une seule fois, mais plusieurs fois, sûrement elle « vous réveillera d’un coup de poing sur le crâne » comme le disait Franz Kafka.Image